Cette présentation est bien plus destinée à ceux qui s'intéressent précisément à ce navire ou à un navire de ce type… Qu’aux membres du CMBJ que j’ai assez soûlés sur le sujet … ------------------------------- début de la 3eme vie Boston
Le paquebot "Ile de France" a en quelque sorte vécu "Trois vies" durant sa carrière. La première, avant-guerre, ou il est bien reconnaissable avec sa coque noire dont le haut est blanc et ses trois cheminées rouges et noires. Sa seconde vie pendant la WWII, ou il est reconverti comme transport de troupes... Sa troisième vie, après-guerre avec sa silhouette relookée avec deux cheminées modernes en lieu et place des trois anciennes et la partie blanche de la muraille de la coque qui s’affine vers l’avant, ce qui rappelle le Normandie.
arrivée au Havre
Il aura plusieurs surnoms au cours de sa vie... Au début de sa carrière, "La rue de la Paix de l'Atlantique", en référence à son confort, son luxe et à sa table... Dans le courant de sa troisième vie, il devient "Le St Bernard de l'Atlantique"…
Nul doute qu’Il était né sous une bonne étoile…Sa bonne fortune ne le quittera jamais. Durant toute sa carrière, il jouira d'une renommée exceptionnelle... Cependant, dans notre mémoire collective, il est estompé, loin derrière le "France" ou le "Normandie" qui, eux, se trouvent immanquablement sur les deux premières marches du Podium.
C’est en en 1927 qu’il fait sa première traversée, partant du Havre vers New York. Lindbergh venait de la faire, dans l'autre sens, un mois auparavant... Il finira sa carrière en 1959 alors que les Boeing 707, les fameux quadriréacteurs long courrier commencent juste à relier les deux continents...
C'est sa version "Modernisée" de 1949 après deux ans de travaux qui suscitait mon intérêt. Il possède alors des attributs modernes tout en gardant un aspect un peu suranné, ce qui lui donne, à mes yeux, tout son charme... Je sais l’avoir vu dans mes très jeunes années, à son ultime départ vers le Japon pour sa démolition. Je n’ai pas le souvenir de ce moment, mais j'ai souvent entendu son nom et sa légende durant mon adolescence... J’étais peut-être tout simplement prédestiné à le réaliser depuis mes jeunes années...
Je ne connaissais aucun plan de qualité se rapportant à ce navire dans sa version moderne. Il fallait donc le dessiner… Et pour cela, amasser suffisamment de documentation pour le pouvoir… Je savais à quoi je devais m’attendre…
Pour se lancer dans un travail de ce type, il nous faut disposer d’un "capital temps" pour le mener à bien. Cependant, je pense que le temps nécessaire aux dessins n’est finalement qu’assez peu par rapport au temps consacré aux recherches… … Recherche des plans d'origine que l’on peut encore trouver mais aussi celle des photos de toutes sortes, dans le milieu associatif, celui des collections, ainsi que les témoignages écrits… C'est le tribu à payer... Traquer les infos et les ventes sur le net... Ou se déplacer à la recherche des vieilles archives et des vieux papiers… Heureusement, il a été connu et médiatisé… Ce qui facilite les recherches !
Le plan a été dessiné, aussi précis et fidèle que possible, en mixant toutes les sources trouvées... Parce que les archives encore consultables ont subies les déformations et outrages dus au temps, Il faut bien sûr, tout revérifier, et en tout premier les formes de la coque. Ce n’est qu’ensuite que les superstructures et le reste du navire sont tracés. Le plan a évolué au fur et à mesure des années, précédant toujours, bien évidemment, la réalisation. De nos jours, on peut oublier le crayon, la gomme, le grattoir aussi bien que la planche à dessin. Avec l’ordinateur, plus besoin de sacrifier l’espace à la planche à dessin, le dessin "2D" permet une précision et une facilité de reprise sans commune mesure. De même on peut oublier la loupe pour le travail sur photo. Une fois qu’un document est scanné, la molette de zoom est bien plus pratique !
les plaques constitutives
Je dois dire que la construction de la maquette aura été bien longue, semée de quelques périodes d'arrêts. Cela ne m'aura pas pris des mois, mais des années... Parce que j'ai pu assez rapidement me référer à un "plan de développé de bordé", qui est essentiel dans ce cas, j'ai voulu représenter les plaques d'acier de la coque. En effet, contrairement aux navires maintenant réalisés par un assemblage de plaques qui sont soudées bout à bout, les plaques qui constituaient sa coque étaient rivetées et assemblées les unes sur les autres. Même si la reproduction de ces plaques c’est apparenté à une longue corvée, je ne la regrette pas…
L’échelle de reproduction finalement adoptée du 1/144 n’est pas la plus commune dans le modélisme naval et peut surprendre... Son origine est anglo-américaine. Entre un "pied" et un "pouce", il y a un rapport de douze... D’où la raison des poupées fabriquées au 1/12ème... C’est-à-dire un pouce pour un pied… Lorsque, dans une maison de poupée, une poupée tient une autre poupée dans ses bras, celle-ci doit être représentée au 12éme du 12éme... Le 1/144... Le 1/144 est bien connu dans le commerce, ainsi que celles qui en sont dérivées… Comme les maquettes d'avions au 72éme ou au 36ème avec l'échelle doublée à chaque fois ...
Au 1/144, la coque atteint presque 1.7 m de longueur, soit cinq bons centimètres de plus qu’une maquette qui aurait été réalisée au 1/150ème... Tout en gardant des dimensions raisonnables pour pouvoir passer les portes de l’appartement ou de l’ascenseur...
La coque elle-même a été réalisée en fibre de verre et résine polyester ce qui nécessite un travail initial plus long puisqu'il faut d'abord fabriquer un modèle en bois de manière traditionnelle puis un moule à partir du modèle et enfin le tirage final du modèle à partir du moule. C'est sur le modèle en bois que j'ai collé des plaques en acétate transparent destinées à représenter les plaques de la coque. Comme la coque du modèle est tirée du moule, les plaques qui apparaissent, font donc partie intégrante de la coque et il n’y a donc pas le risque de les voir se décoller... Parce que la coque est en résine et fibres de verre, une façon de faire assez commune dans notre milieu, la coque est solide, insensible à l'eau, et l'aménagement intérieur est facilité...
le moule en deux parties
Pour les superstructures, j'ai utilisé la technique que j’avais imaginée sur le précédent modèle et que d’autres utilisent peut-être déjà... Cette technique consiste à utiliser de la mousse d'isolation polyuréthanne, facile à trouver et de faible coût dans les dimensions utilisées. La mousse est recouverte par des feuilles d'alu fines de 0.3mm d'épaisseur collées à l'époxy lente. (Cet aluminium provient d’imprimeries utilisant des machines "Offset" ou il est utilisé en usage unique). On obtient ainsi des volumes rigides et légers... Hélas… Si faire "léger et solide", était bien ma volonté initiale, dans la pratique, quand j’ai rajouté tout le reste (et dans "tout", il y a beaucoup de choses...), le poids n’a fait que grimper....
Bien sûr, j'ai utilisé l'impression 3D... Pour une petite partie, celle utilisant du fil plastique fondu et extrudé, adéquate pour les équipements techniques à l’intérieur de la coque. C’est celle qui utilise la résine liquide, proche de la stéréo lithographie et restant dans un budget accessible que j’ai utilisé pour les détails... A parler de budget, je pense que celui que j'ai consacré à l'impression 3D n'aura finalement été qu'une faible partie de celui consacré à l’ensemble des recherches et de la réalisation.
Personnellement, je n'ai aucune envie d'imprimer une maquette complète en 3D... D'autres le font et trouvent à cette occasion un plaisir que je veux bien comprendre. Pour chaque étape, je préfère utiliser la technique qui me parait la plus avantageuse parmi celles que je peux pratiquer. En fonction des dimensions, du niveau de détails requis, du temps à passer et du budget...
A mon sens, c'est le dessin 3D qui est le plus important… L'impression 3D n'est jamais qu'un savoir-faire que l’on acquiert assez rapidement avec une machine... Le dessin permet de modeler au plus proche de ce qu'aura été la réalité, en cherchant à respecter au mieux les dimensions, les formes et les proportions... Le dessin 3D est maintenant très démocratisé et accessible à la majorité d'entre nous. Il faut juste le vouloir, accepter l'ordinateur comme un outil et, en corollaire, les heures à passer devant un écran avec clavier et souris... Cette étape peut facilement mettre vos nerfs et votre patience à l’épreuve en vous piégeant... Parce que, tant que le modèle n'est encore qu'un fichier dans la mémoire d'un ordinateur, on peut le reprendre et le remanier autant de fois qu'on le souhaite. Cela ne vous coûte pas plus... C’est par contre le crédit "temps" et "énergie" qui, lui, s'épuise...
Techniquement parlant, l’accès à l’intérieur est délicat. Il demande, comme pour la plupart des maquettes, de la réflexion afin de déterminer ce que l’on rendra amovible… A cette échelle, la motorisation n'est pas un problème... Il y a toute la place pour pouvoir installer un moteur par ligne d'arbre. C’est du poids, mais qui est placé au plus bas de la coque et ne pose pas de soucis. Par le biais du déplacement de l’original et de l’échelle, on connait précisément le poids à l’avance, et l’on a aussi une bonne idée de la puissance nécessaire qui se situera autour de 20W.
Côté animation, pour un paquebot, tout un chacun pensera aux lumières qui sont bien tentantes… Ce à quoi j’ai d’ailleurs cédé… Cependant, je me souvenais avoir vu un paquebot naviguer dans les années 80 sur le lac du parc de la Tête d'Or à Lyon... Un magnétophone à cassette (Pour les moins de vingt ans, c'était du temps des bandes magnétiques, bien avant les MP3 et les écoutes en ligne) diffusait des valses... Cela m’avait marqué... Pour un paquebot, la musique recréée bien évidemment une ambiance...
Dans la maquette, un microcontrôleur unique permet, en plus de la gestion des moteurs sur chaque bord, celle des sons, via deux circuits lecteurs MP3. Parmi les sons, j'ai inséré un commentaire dédié qui est passé en mode expo (Pour ceux qui s’intéressent au sujet, le microcontrôleur utilisé est un "Arduino nano" L’un de ceux dans l’air du temps...
Le premier lecteur est destiné à la musique d'ambiance, le second plus particulièrement à d'autres sons comme la sirène de brume et les sifflets à vapeur. Avec, comme petit avantage lié à l'utilisation d'un microcontrôleur, la possibilité de synchroniser sans grosse difficulté le son des sifflets avec une fumée qui sort de ceux-ci...
L’idée de faire cette maquette avait pris le temps de mûrir… … La première pensée m’en était venue naturellement à l’esprit il y a près de vingt-cinq ans... Une fois cette maquette finie, je dois dire que j’ai été heureux de l’avoir réalisée… Et j’espère participer à la mémoire du navire…
…. Que ce paquebot soit sous vitrine ou navigant sur un plan d’eau… J’aime en voir sa silhouette "Vintage", ses superstructures blanches, si basses par rapport aux paquebots actuels et ses deux grandes cheminées rouge et noir… ----------
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